mercredi 16 décembre 2009

Et avec ceci


L'auteur :

Né en 1952 à Amiens, Jean-Louis Rambour vit et travaille dans le Santerre, en Picardie. Depuis 1971, il a publié plus d'une vingtaine d'ouvrages et collaboré à d'innombrables revues (dont Action poétique, In'hui, Europe, Autrement). Son poème "Théo" a fait l'objet d'une adaptation théâtrale.

Le recueil :
Les gens de rien ont des destins bien peu considérables. Ils ne font que traverser la vie modestement, en poussant leur caddie. Leur vie, c’est à peine s’ils en sont les acteurs. Ou alors juste le temps d’une ferveur populaire, sur le parking du supermarché où l’on trouva la jeune fille assassinée…
Jean-Louis Rambour dresse, avec une grande tendresse et un sourire amusé, une galerie de portraits hauts en couleurs, pitoyables et tragiques, dérisoires dans des costumes sur eux maladroitement ajustés. Zorro, sa mobylette et son vin du Lot-et-Garonne ; le poète, expert en inscriptions tombales ; et la caissière aux formes généreuses, et le misanthrope impénitent, et le boute-en-train infatigable … Tout un monde échappé de la page des faits divers.
Mais la mort est là, qui guette l’un dans sa quête de shit et prend l’autre au détour d’un virage, sans crier gare. Car, quand ils meurent, les gens de rien ne font gère plus de bruit que de leur vivant. « Vivant ? … »

Et avec ceci, de Jean-Louis Rambour, Édition Abel Bécanes, 2007. 196 pages, 12 € - ISBN : 978-2-9529953-5-1

Tête de piaf


L'auteur :


Philippe Crognier vit à Gouy (Aisne). Il aime meettre en scène dans ses romans les paumés, les écorchés, les âmes en peine. Pour autant, ses écrits sont éclectiques puisqu'il a publié chez Dunod en même temps que le présent ouvrage : Comprendre la VAE (validation des acquis de l'expérience) en action sociale. Écrire, accompagner, évaluer.

Le receuil :
« Y’en a qui ont le cœur trop large pour vivre comme toi et moi… » chante Brel.
Robin et Jeannine sont de ceux-là : ils ont le cœur sur la main et l’auberge accueillante. Aux repris de justice puis, la retraite venue, aux âmes en peine et aux paumés de tous horizons. SDF en cavale, amoureux trahi, femme d‘affaires et chanteur de seconde zone abasourdis par le vide de leur vie…, tous finissent par atterrir au Point du Jour. Parmi eux, Pierre, treize ans, qui tait le secret de sa solitude.
Et, dans ce havre, miraculeusement, les tourments s’apaisent, les cœurs cicatrisent, la vie renaît. On réapprend le bonheur. Un beau matin, un break 504 crissera dans la neige pour rendre à Pierre la mémoire des jours heureux.
Cette histoire vivement menée baigne dans une tendresse souriante, dans une chaleureuse folie douce, qui nous rendent ces éclopés de l’âme étonnamment proches.

Tête de Piaf, de Philippe Crognier, Édition Abel Bécanes, 2007. 110 pages, 12 € - ISBN : 978-2-9529953-0-6

Les fous de pêche


L'auteur :

Marc Méret vit dans un petit village du Beauvaisis (Oise). Cet amoureux d ela nature, passionné de pêche, de pêche à la mouche en partiulier, quinquagénaire confirmé, s'est mis récemment à l'écriture.

Le receuil :

Ceux-là forment une petite équipe de pêcheurs composée d’un noyau dur et de quelques occasionnels qui se joignent à eux pour des parties de pêche au coup, aux carnassiers, à la mer…
Nous les retrouvons au fil des pages sur des berges aussi différentes que celles d’un étang, d’une rivière à migrateurs en Picardie ou sur les côtes du Cotentin. Nous les accompagnons dans la brume de l’aube, dans une barque au printemps, dans la bise de l’hiver. Ils manient la grande « gaule » en carbone, les lancers légers ou lourds, la canne à mort manié et surtout … à mouche.
L’écriture de Marc Méret a la précision du botaniste pour décrire la nature dans laquelle se fond le pêcheur et l’âme poétique pour nous rappeler que seule l’amitié donne du prix à ces moments de vie. Ce premier recueil l’inscrit dans la famille d’un Jean-Loup Trassard ou d’un François de Cornière : du côté des tendres.

 Les fous de pêche, de Marc Méret, Édition Abel Bécanes, 2007. 150 pages, 12 € - ISBN : 978-2-9529953-1-3

Les pensées de Kurgâr-le-Sage


L'auteur :

De l'auteur on sait peu de choses. Qu'il était sujet britannique — les colonnes des tabloïds british se souviennent de sa diatribe contre le «old fucking havana smoker» [litt. ce vieil enculé de fumeur de havane, mais le français fait un peu vulgaire]. Qu'il avait beaucoup fait pour la protection des prostituées en région forestière. Qu'il tenait un vague emploi de commis aux écritures dans une banque turque. D'où la découverte du manuscrit ke je vous kôze dans un bouge de Constantinople lors de l'expédition Robinson and Robinson. A part ça, rien : ni Who's who ni Bottin mondain ni carnet de bal croustillant. En dépit de recherches acérées, le Pr Hernandez n'a pu établir la moindre filiation entre Eden Yôgtan et Martin Eden — on n'a pas oublié que le grand Jack London lui-même avait affirmé la chose possible. Au petit cimetière irlandais de Longblueberryandapoorlonesonecowboy, l'inscription tombale n'est plus lisible et la dernière contemporaine de l'Eden n'a plus toute sa tête. Nous en sommes donc réduits à des supputations.
En revanche il existe de nombreuses réfé-rences historiques à propos du peuple tcher-khân et de son émérite souverain, Kurgâr-le-Sage, Qui s'avère être l'une des plus nobles figures des temps anciens.
Kon seuldize.

Les pensées :
D'abord un mot des Tcherkhâns. Ils habitèrent, au milieu du Ille millénaire avant notre ère, la plaine centrale de l'Europe. Sans doute venaient-ils des hauts plateaux indiens ou tibétains... Nomades à l'origine, ils finirent par se sédentariser et fondèrent, sur la route de la soie, un des plus importants caravansérails. Marco Polo himself, peu suspect de baratinage, l'atteste dans son Livre des Merveilles... Les dissensions internes mirent à bas cette belle civilisation dont le fleuron fut le Sage Kurgâr. À une époque où seule régnait la force, il tenta d'imposer la sérénité de la réflexion et du bon sens. Ses jugements demeurèrent aussi célèbres que celui de Salomon. Son enseignement se transmit oralement jusqu'à ce qu'un scribe, aux temps anciens mais un peu moins, ne couchât tout ça, paf !, sur le papier. Le manuscrit trouvé par Yôgtan a connu, tel le Saint Suaire, nombre d'avatars dans le monde anglo-saxon. Curieusement, avant le lumineux travail de Wallet, Éloy et Hernandez (de l'association Chés Bestiaux d'Picards), la France n'avait jamais eu vent d'un tel monument de la pensée mondiale. Les fins chercheurs pourront trouver quelques allusions bien senties au souverain tcherkhân chez Aristote, Pascal, Kant, Bernard-Henri Lévy (pas sûr) et chez Woody Allen. Ce qui fait quand même beaucoup pour un inconnu, pas vrai ?
 
Extrait :
Comme il se rendait dans le bosquet réservé à cet usage, un soir très chaud d'été, Kurgâr-le-Sage ne put réprimer un haut-le-coeur tant l'odeur était pestilentielle. Il réunit séance tenante le Conseil des Prudes et leur dit: «Inventez-moi quelque chose, ça ne peut plus durer!» Les Prudes se livrèrent à une observation pointilleuse des bouses, bousins, sentinelles, colombins et merdats dont différentes espèces animales parsemaient le sol. Ils en déduisirent qu'une odeur désagréable s'attachait en effet aux matières fécales. «Très bien, messieurs », déclara Kurgâr-le-Sage, «qu'il soit dit que des choses nauséabondes sortent aussi de l'homme et que ceci soit dorénavant enseigné aux enfants.»
 
Les pensées de Kurgâr-le-Sage, d'Eden Yôqtan, Édition Abel Bécanes, 2008. 150 pages, 12 € - ISBN 978-2-9529953-4-4